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Pourquoi vouloir rendre la pensée visible?

Pendant longtemps, l’approche pédagogique était basée sur la mémorisation d’une leçon donnée par le professeur, qui détenait seul le savoir et s’appuyait sur un manuel scolaire, considéré comme la référence absolue pour ensuite tester les élèves sur leurs connaissances à l’aide de tests standardisés. Cela vous rappelle-t-il votre propre expérience? Ce fonctionnement perdure dans de nombreuses écoles, même si d’innombrables recherches ont prouvé les limites, voire les effets contre-productifs de ce système.



Or, pour apprendre, il faut d’abord réfléchir. Rendre la pensée visible, c’est donc en premier lieu créer un environnement de classe qui stimule la pensée des élèves. L’approche par la pensée (“making thinking visible”) et par le questionnement (inquiry-based teaching) met au contraire l’élève au centre de son propre apprentissage en l’incitant notamment à:

  • réfléchir seul et avec les autres

  • se poser des questions 

  • faire des connexions métacognitives

  • créer

  • collaborer

  • développer une analyse critique

Acquérir des connaissances et des compétences n’est pas toujours suffisant, il faut encore que l’élève ait les dispositions pour les utiliser. Nous sommes tous davantage disposés à mobiliser nos connaissances et nos compétences quand nous sommes intrinséquement motivés, quand nous avons un objectif clair, quand ce que nous faisons a un sens, quand nous contribuons activement aux discussions, mais aussi quand nous avons simplement pris l’habitude de réfléchir, de questionner et de collaborer. Le temps en classe est précieux. C’est pourquoi nous pensons qu’il est important de l’utiliser pour réfléchir et créer ensemble et non pas pour simplement mémoriser et écouter.

Rendre la pensée visible permet de placer la pensée au coeur de l’apprentissage car on n’apprend réellement que lorsqu’on réfléchit intensément à quelque chose. De plus, en rendant notre pensée visible, on gagne en clarté et on permet aux autres de mieux comprendre nos idées et d’y apporter leur propre contribution. Pour l’enseignant, c’est l’opportunité de pouvoir visualiser la pensée de l’élève régulièrement et de pouvoir mieux l’accompagner dans ses apprentissages. Comment rendre la pensée visible?

 Le projet zéro (Project zero) du département d’Education de l’université de Harvard a pour but d’analyser la manière avec laquelle nous apprenons. Afin de rendre la pensée des élèves visible, ils ont élaboré des routines de pensée et tout un ensemble de recommandations pour aider les enseignants à créer une véritable “culture de la pensée” (culture of thinking), dont nous parlerons dans un prochain post et qui repose sur un socle de "huit forces culturelles" (voir figure ci-dessus). Vous trouverez de nombreux documents liés à cette approche dans les ressources d'AKODALA.

J'ai eu la chance de participer à deux reprises à des workshops de Ron Ritchhart et d'ainsi mieux comprendre les méthodes du projet zéro, qui sont facilement utilisables au quotidien avec les élèves de n'importe quel âge. La grande force de ces routines est qu'elles sont justement simples à mettre en place, tout en étant d'une efficacité étonnante car elles permettent d'activer des mécanismes méta-cognitifs. Plus le nombre d'enseignants d'une école les utilisent, plus l'effet sera grand sur les apprentissages. Pour conclure, voici un exemple de routine qui a été ici utilisée durant la semaine des Nations Unies, au mois d'octobre. Elle se nomme:  Je vois / Je pense / Je me demande  (See/Think/Wonder).


Dans cet exemple, la routine a été combinée avec une autre, appelée "zoom in" et qui consiste à cacher une partie d'une photo, puis à en divulguer les autres parties au fur et à mesure durant trois jours. Le premier jour, les élèves ne voyaient qu’une toute petite partie d'une ’image et devaient effectuer les trois étapes de la routine dans l'orde indiqué.

JOUR 1


JE VOIS: décrire simplement ce que l'on voit d'un point de vue objectif. Ex: je vois une forme noire... JE PENSE: Faire une connexion en émettant des hypothèses pour essayer de comprendre de quoi il s'agit. Ex; je pense qu'il s'agit d'un ventilateur... JE ME DEMANDE: Aller plus loin en se posant des questions. Ex: Je me demande où se trouve cet objet? Je me demande à quoi cela peut servir? etc.


JOUR 2


JE VOIS:  Ex: je vois la main de quelqu'un portant un objet... JE PENSE: Ex; je pense que cette personne est le propriétaire de l'objet... JE ME DEMANDE: Ex: Je me demande où il se trouve? Je me demande pourquoi il montre cet objet? etc.













JOUR 3


JE VOIS:  Ex: je vois un homme au milieu d'une décharge électronique, etc. JE PENSE: Ex; je pense que cette personne est pauvre et travaille dans cette décharge, etc. JE ME DEMANDE: Ex: Je me demande comment il vit? Je me demande s'il a une famille? Je me demande s'il est heureux? etc.

Les élèves ont démontré une grande motivation intrinsèque et beaucoup de curiosité tout au long de la routine. Leurs contributions ont largement dépassé nos attentes et certains ont pensé à des choses que personne n'avait anticipé. La routine leur a permis de réfléchir collectivement aux questions d'inégalités sociales et de pollution à l'échelle de la planète. Il s'agissait d'une façon de "provoquer" la pensée, qui peut être utilisée par les enseignants pour débuter une nouvelle unité. Chaque routine a un but spécifique et fait appel à des compétences différentes. Le rôle de l'enseignant est donc de bien choisir sa routine en fonction de l'objectif pédagogique.

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